5. Les perspectives pour le futur

Le secteur 'Ramponeau-Belleville', entre la rue Ramponeau, la rue Belleville et le boulevard Belleville, fait l'objet de nouveaux projets d'aménagement vers la fin des années 1980.

Un projet initial, comportant la démolition totale du secteur pour réaliser des bātiments très élevés accueillant des commerces, du tertiaire et des logements, rencontre une forte opposition déjà au sein des services d'urbanisme de la ville, concernés pour l'impact social d'une modification radicale des fonctions et caractéristiques du quartier. Au moment de la création par la Ville de la ZAC 'Ramponeau-Belleville' en 1990, le projet présenté est donc moins ambitieux, mais continue à privilégier une opération de rénovation profonde, voir totale, du bāti. Il prévoit la construction d'une structure commerciale (marché couvert, galeries, village commercial et village d'artisans) de 8500 m2, de 3000 m2 de bureaux et de 45000 m2 de logements. Une rue nouvelle doit &circtre percée au sein de l'îlot central (entre les rues Denoyez et Tourtille), pour le rendre moins massif.

Rue Ramponeau: la Ville a rendu inhabitables plusieurs immeubles de sa propriété en prévision de l'opération d'aménagement. La rénovation s'annonce ainsi par une accélération de la dégradation du vieux tissu, et persuade les propriétaires privés à interrompre toute manutention de leurs bātiments.

Le projet montre plusieurs contradictions. L'insalubrité du bāti existant est présentée comme justifiant sa démolition, mais une réelle expertise de son état n'existe ni est prévue. Une étude sérieuse sur le tissu social, permettant de supporter les choix d'aménagement, est manquante.

Si lors des anciennes opérations la participation des habitants a été très faible, cette fois une vraie mobilisation générale se crée au sein du quartier. Une association de quartier, 'La Bellevilleuse', se forme et, commissionnant les expertises manquantes dans le projet de la Ville, aboutit à des conclusions très critiques sur le parti d'aménagement choisi. Au sein des réunions de concertation prévues par la procédure ZAC, la participation de la population est massive.

Malgré tout, le bilan des séances de concertation n'est pas satisfaisant. L'orientation du projet n'étant guère affectée, le débat se concentre sur le nombre de bātiments à conserver. Des questions centrales, comme le relogement des habitants qui veulent rester dans le m&circme quartier, demeurent sans solution. Les habitants disposant d'un contrat de bail en règle étant minoritaires, la question centrale est avec quel critère juger le droit au relogement de ceux qui ne sont pas en règle. La Ville déclare que « les occupants de bonne foi bénéficieront d'un relogement au m&circme titre que les détenteurs d'un bail » [C. Broussard, 1994, p.34], mais la notion de bonne foi, qui est susceptible d'affecter le 80% des habitants d'auprès les expertises commandées par la Bellevilleuse, n'est pas du tout expliquée.

Le contraste entre la Ville et la Bellevilleuse, que les séances de concertation n'ont pu résoudre, conduit à une enqu&circte publique. L'avis du commissaire enqu&circteur supporte les positions exprimées par la Bellevilleuse, sollicitant des modifications au projet plus soucieuses vers les habitant actuels, notamment un meilleur phasage des travaux pour garantir le relogement d'une partie de la population pendant les travaux m&circmes, et le droit au relogement dans le quartier de tous les habitants.

On en est ainsi aux événements plus récents: en octobre 1995, la Ville laisse dépasser le délai légal pour enclencher la procédure ZAC, la rendant caduque, au lieu de modifier le projet selon les indications données par le commissaire enqu&circteur. La Bellevilleuse, de sa part, incite maintenant une intervention de la municipalité d'autre nature qu'une rénovation, privilégiant une opération de restauration des bātiments en mauvaises conditions et une action d'aide social plus importante.

Le Bas-Belleville se situe ainsi comme un laboratoire expérimental pour rechercher des nouveaux critères et modes d'aménagement urbain, plus soucieux de l'impact sur les habitants qu'avant. Peut-&circtre en vont sortir des nouveaux outils et moyens que la concertation actuelle, capables de rendre plus constructif le rapport entre opérateur public et population dans ce domaine.

Secteur 'Ramponeau-Belleville': démolitions envisagées par la Ville de Paris aux diverses étapes du projet d'aménagement.


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